vendredi 21 septembre 2007

Bréviaire d'Amour


Maintenant j'ai bien appris d'Amour
Comment il sait frapper de son dard;
Mais comment ensuite il sait gentiment guérir,
Cela je ne le sais pas encore.
Je connais le médecin qui seul peut me donner la santé,
Mais à quoi cela me sert-il,
Si je n'ose lui montrer ma plaie mortelle?

Je mourrai par ma sottise
Car je ne vais pas lui montrer
Et dire la douleur qui me fait souffrir;
Personne ne peut me donner un remède
Contre cette douleur sauf la dame gaie et courtoise,
Que j'aime et que je chéris tant que je n'ose lui crier pitié,
Tellement j'ai peur que cela lui déplaise.

J'ai un grand désir de pouvoir venir à genoux vers elle,
D'aussi loin qu'on pourrait la voir,
De venir vers elle mains jointes,
Lui faire hommage, comme un serf doit le faire à son seigneur,
Et en pleurant implorer sa pitié sans crainte des mauvaises gens.

Bonne dame où nous voyons tous biens naitre
Comme graines et fleurs,
Puisque je vous aime et vous désire tant, je vous crie pitié;
Que pitié et ma bonne foi me viennent en aide auprès de vous,
Car je garderai bien mon secret et je vous serai plus fidèle
Que Dieu me protège! que Landric ne le fut à Aye.

Qu'aucun homme ne me dise de flatterie
Pour entendre mon coeur
Pour que après qu'il m'aurait trahi
Il criât ensuite ma sottise.
Mais je suis si dur à l'épreuve que vous pourriez me faire dire:
Plutôt que la bure de presset est de la laine.

Je veux prier Mon Diamant, que j'aime tant,
De réciter ma chanson à Toloza.

Peire Raimon de Toloza (12ème siècle)

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