jeudi 20 septembre 2007

Romance fleurie


Avant que mes chansons aimées,
Si jeunes et si parfumées,
Du monde eussent subit l'affront,
Loin du peuple ingrat qui les foule,
Comme elles fleurissaient en foule,
Vertes et fraiches sur mon front!

De l'arbre à présent détachées,
Fleurs par l'aquilon desséchées,
Vains débris qu'on traine en rêvant,
Elles errent éparpillées,
De fange ou de poudre souillées,
Au gré du flot, au gré du vent.

Moi, comme des feuilles flétries,
Je les vois toutes défleuries,
Courir sur le sol dépouillé;
Et la foule qui m'environne,
En broyant du pied ma couronne,
Passe et rit de l'arbre effeuillé!

Victor Hugo

Aucun commentaire:

Google