jeudi 13 septembre 2007

Les baisers


Plus de fois, dans tes bras charmants
Captif, j'ai béni mes prisons,
Que le ciel n'a de diamants;
Et pour tes noires trahisons

J'ai versé plus de pleurs amers
Que n'en tient le gouffre des mers.
Mes chants ailés, je te les dois!
Plus haineuse que les bourreaux,

Mon coeur a saigné sous tes doigts;
Mais que de fois, comme un héros
Qui vient de voler son trésor,
J'ai dormi sur tes cheveux d'or!

Tu m'as versé le vin du ciel!
Et mes maux seront pardonnés
A ton désoeuvrement cruel,

Si les baisers que m'a donnés
Ta lèvre pareille à des fleurs
Sont aussi nombreux que mes pleurs.

Peter J. Edwards (ed.), Oeuvres poétiques complètes de Théodore de Banville, textes électroniques interactifs,, Mount Allison University, Sackville, N.B., 1996.

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